Visite des Parlementaires CEMAC à la CICOS sur le Projet du Transfert des Eaux de L’Oubangui vers Le Lac Tchad.
Conduite par l’honorable Albert PAHIMI PADACKE, une délégation des parlementaires de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) composée de 6 personnes a été reçue à la CICOS le 05 novembre 2015. Ils étaient accompagnés d’un membre du parlement de l’Union Européenne représentant l’Association des Parlementaires Européens Partenaires de l’Afrique (AWEPA).
Effectuée pendant 4 jours, la mission parlementaire de la CEMAC à Kinshasa s’inscrit dans le cadre du dialogue avec les parlementaires congolais sur la menace qui pèse sur le Lac Tchad. La délégation avait été ainsi reçue tour à tour par les Présidents de l’Assemblée Nationale et du Sénat. Ils ont également eu une audience avec le Ministre de l’Environnement, Conservation de la Nature et Développement Durable et le Ministre de l’Energie et de l’Hydraulique. Leur passage à la CICOS était, pour ainsi dire selon le chef de la délégation, l’ultime étape pour leur permettre d’avoir une idée claire sur les aspects techniques du projet de transfert des eaux de l’Oubangui vers le Lac Tchad et sur l’évolution dudit projet.
ECLAIRAGE DE LA CICOS
Dans un exposé liminaire, le Secrétaire Général de la CICOS M. Simon SAKIBEDE a introduit ses propos en faisant la genèse de ce projet dont les prémices indique-t-il, se situent depuis la grande sècheresse de la moitié des années 70 jusqu’en 1985, date à laquelle est née « l’idée pour le sahel », concept créé pour sauver le Lac Tchad. Mais c’est véritablement en 1995 que le projet a vu le jour avec l’adhésion de la RCA à la CBLT. Le Président Centrafricain d’alors, Ange Felix Patassé a voulu relancé le vieux projet de construction du barrage de Palambo dont une partie des eaux retenues pourrait être transférée au Lac Tchad.
Il fallait dès lors, pour faire adhérer à cette idée, impliquer l’ensemble des pays concernés. Le Congo ne faisant pas partie de la CBLT, le projet a été porté au niveau de la CEMAC, qui à son tour l’as soumis à la CEEEA où il a été examiné en 2005 à Brazzaville, par la conférence des chefs d’Etats qui y étaient réunis en session ordinaire. La CEEAC a recommandé la prise en compte de l’impact environnemental dans l’étude de faisabilité d’une part et a chargé son Secrétaire Général d’assurer le suivi de ce dossier. Le Secrétaire Général de la CEEAC pour sa part a donné mandat à la CICOS de suivre ce dossier pour son compte, en collaboration avec la CBLT (lettre du 21 novembre 2005).
Fort de ce mandat, la CICOS a signé avec la CBLT un Mémorandum d’Entente (en 2006 révisé en 2010) qui permet aux 2 organisations de se concerter sur ce dossier. L’étude de faisabilité a été réalisée de 2009 à 2012 par le Cabinet CIMA qui a fait des propositions tenant sur deux variantes de transferts. La CICOS a estimé que le rapport sur l’étude d’impact est insuffisant car elle n’a pas pris en compte les impacts socio-économiques et environnementaux notamment au niveau de la cuvette centrale. La CICOS a demandé une étude environnementale complémentaire sur le bassin du Congo, allant du barrage de Mobaye sur l’Oubangui jusqu’à l’Océan.
La CICOS et la CBLT, dans le cadre du mémorandum d’Entente de Coopération qui les lie, ont élaboré ensemble les TdR de l’étude d’impact environnemental à réaliser. Depuis lors, le dossier n’a pas avancé faute de financement pour la réalisation de l’étude complémentaire.
Sur ce, le Secrétaire de la CICOS a conclu en précisant qu’ « Aujourd’hui, ce dossier n’est plus au niveau de la CBLT ou de la CEMAC, mais de la CEEAC où sont présents ou représentés, les Etats dits donneurs de la ressource d’une part et les Etats dits bénéficiaires de la ressource d’autre part.
Selon le principe de la GIRE adopté depuis les Sommets de RIO et de Dublin en 1992, l’exploitation et la gestion de l’eau doivent se fonder sur une approche participative impliquant les usagers, les planificateurs et les décideurs politiques à tous les niveaux. Aucun Etat ne peut aujourd’hui décider seul, des eaux transfrontalières sans le consentement des autres Etats partageant la même ressource. »
Après avoir écouté le Secrétaire Général de la CICOS, les parlementaires de la CEMAC ont exprimé leur regret de n’avoir pas entamé leur séjour par la CICOS pour avoir tous ces détails qui leur auraient permis de mieux conduire leur mission auprès des autorités congolaises. Néanmoins des échanges très fructueux ont suivi et ont permis d’apporter aux parlementaires quelques éléments de réponse à certaines de leurs préoccupations notamment l’état de relation entre la CICOS et la CBLT, les niveaux du blocage du projet, les attentes des pays, etc.
La visite du groupe de travail des parlementaires de la CEMAC à la CICOS s’est achevée par une photo de famille.
08.02.2016